
Depuis des décennies, la course à l’énergie solaire se concentre principalement sur les panneaux photovoltaïques, qui convertissent la lumière en électricité. Mais une part significative de l’énergie solaire est absorbée sous forme de chaleur, une chaleur souvent perdue. Et si l’on pouvait aussi capter cette chaleur pour la convertir en électricité ? Cette question, qui anime la recherche depuis longtemps, a trouvé une réponse prometteuse. Des chercheurs de l’Université de Rochester ont mis au point un générateur thermoélectrique solaire d’une efficacité hors norme grâce à un matériau révolutionnaire, ouvrant une nouvelle voie dans la production d’énergie.
Au-delà du panneau : la conversion thermoélectrique
Pour comprendre l’ampleur de cette découverte, il faut faire la distinction entre deux principes de conversion d’énergie solaire. Les panneaux photovoltaïques (PV) utilisent l’effet photovoltaïque pour transformer directement la lumière (les photons) en électricité. C’est le standard de l’industrie. En revanche, la conversion thermoélectrique exploite une autre loi de la physique : l’effet Seebeck, qui génère de l’électricité à partir d’une différence de température. Un générateur thermoélectrique solaire (STEG) fonctionne en créant un gradient de chaleur, chauffant un côté du dispositif avec le soleil pour produire un courant électrique.
Le principal défi de cette approche a toujours été son faible rendement. La plupart des dispositifs existants étaient inefficaces, ne convertissant qu’une petite fraction de la chaleur en électricité. C’est là que le nouveau matériau développé par l’équipe de l’Université de Rochester change la donne.
Le « métal noir » : le cœur de l’innovation
Le secret de cette avancée réside dans un matériau surprenant : une feuille d’aluminium nanostructurée baptisée « métal noir ». Ce matériau ne ressemble pas à de l’aluminium classique. Sa surface est couverte de minuscules nanostructures, de l’ordre de quelques nanomètres (un milliardième de mètre), qui lui confèrent des propriétés optiques exceptionnelles.
Ce métal noir agit comme un absorbeur solaire quasi parfait. Il piège la lumière du soleil, quelle que soit son incidence, et sur l’ensemble du spectre, la transformant en chaleur avec une efficacité record. Pour un chercheur ou un technophile, c’est une percée majeure. En maximisant l’absorption de l’énergie lumineuse, il permet au générateur thermoélectrique solaire d’atteindre une performance jamais vue. Il est capable de convertir la lumière du soleil en électricité avec une efficacité qui, bien qu’encore modeste par rapport aux meilleurs panneaux photovoltaïques en silicium, est une percée majeure pour cette technologie spécifique.
Une efficacité record pour un usage bien spécifique
L’équipe de recherche a mesuré une efficacité de conversion de 10% pour leur prototype. Ce chiffre, pris isolément, ne semble pas spectaculaire comparé aux 20-22% des panneaux PV commerciaux. Mais ce serait une erreur de comparer des technologies différentes. Ce générateur thermoélectrique solaire d’une efficacité hors norme n’est pas destiné à remplacer les centrales solaires. Ses applications se situent dans des niches où le solaire classique ne peut pas rivaliser.
- Récupération de chaleur perdue : Le STEG pourrait être installé sur des surfaces chaudes (conduits d’aération, toits, moteurs) pour convertir la chaleur autrement gaspillée en électricité utile. C’est une forme de génération d’électricité par la chaleur qui n’est pas limitée à la lumière du soleil directe.
- Environnements à faible luminosité : Contrairement aux panneaux PV qui exigent un fort ensoleillement, le STEG pourrait fonctionner dans des environnements où la lumière est diffuse ou indirecte, ouvrant la voie à des applications de micro-génération pour les capteurs ou les appareils IoT.
- Applications flexibles et embarquées : La feuille de métal noir peut être rendue flexible, permettant de l’intégrer à des vêtements, des véhicules ou de petits appareils électroniques où la durabilité et la forme sont cruciales.
L’avenir de la récupération d’énergie
Cette découverte ne représente pas la fin de la course pour l’énergie solaire, mais un nouvel élan. Elle nous montre que la recherche ne se limite pas à améliorer l’existant, mais à trouver de nouvelles façons de capter l’énergie qui nous entoure. La recherche sur les générateurs thermoélectriques solaires et sur les nano-matériaux comme le métal noir contribue à un écosystème énergétique plus large, où chaque source d’énergie, même la chaleur perdue, est exploitée de manière intelligente. C’est un pas de plus vers un avenir où la production d’énergie sera plus décentralisée, plus efficace et plus polyvalente.
Source : rochester.edu/newscenter
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