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Turquie : Une Montée en Puissance des Énergies Renouvelables à l’Horizon 2035

Turquie : Une Montée en Puissance des Énergies Renouvelables à l’Horizon 2035

Une ambition verte au cœur de l’Eurasie

À la croisée de l’Europe et de l’Asie, la Turquie s’impose de plus en plus comme un acteur stratégique dans la transition énergétique. Si le pays demeure encore dépendant des importations d’énergie fossile, la feuille de route 2035, récemment dévoilée par le ministère turc de l’Énergie, amorce un virage décisif vers l’indépendance énergétique.

Selon les dernières prévisions de GlobalData, la capacité énergétique renouvelable de la Turquie devrait atteindre 38,2 GW d’ici 2035, avec un taux de croissance annuel impressionnant de 17,1 % entre 2024 et 2035. Une transformation profonde est en marche, portée par la volonté politique, des investissements massifs, et la pression croissante de la demande intérieure.

Un marché sous tension, un tournant stratégique

L’économie turque, en pleine expansion, affiche un PIB et une croissance démographique dynamiques. Mais cette prospérité a un coût : près de 74 % de la demande énergétique du pays est satisfaite par des importations, notamment en gaz naturel (Russie, Iran, Azerbaïdjan), en pétrole (Irak, Arabie Saoudite, Kazakhstan) et en charbon.

Cette dépendance énergétique structurelle devient un enjeu de souveraineté, particulièrement dans un contexte géopolitique instable. D’où l’urgence d’un basculement vers un modèle plus résilient, où les énergies renouvelables et le nucléaire civil occupent une place centrale.

2035 en ligne de mire : 120 GW visés, dont 38,2 GW renouvelables

La stratégie énergétique turque s’articule autour de plusieurs objectifs concrets :

  • Tripler la capacité solaire et éolienne actuelle pour atteindre 120 GW en 2035.
  • Installer entre 7,5 et 8 GW de capacité renouvelable chaque année.
  • Consacrer 80 milliards de dollars d’investissements au développement des ENR.
  • Construire 5 GW d’éolien offshore d’ici 2035.

Des projets pilotes sont déjà en cours via le programme YEKA (Ressources Énergétiques Renouvelables), mécanisme d’enchères compétitives. Lors de l’édition 2024, 1,2 GW d’éolien terrestre et 800 MW de solaire ont été attribués. Ces projets stimuleront la création de filières industrielles locales et la montée en compétence des acteurs nationaux.

Le solaire en tête du peloton

En 2024, le solaire photovoltaïque représentait déjà 51,3 % de la capacité renouvelable du pays, suivi par l’éolien terrestre (32,9 %). Une tendance qui devrait se renforcer dans les années à venir, compte tenu du potentiel solaire exceptionnel du pays, particulièrement dans les régions du sud-est.

La Turquie bénéficie d’un ensoleillement annuel moyen de plus de 2 700 heures, avec des zones affichant des valeurs proches de 1 600 kWh/m²/an. Autant dire que le solaire est une évidence stratégique, à la fois pour les installations à grande échelle et pour l’autoproduction résidentielle et industrielle.

Offshore : un nouvel horizon à dompter

Grande nouveauté de cette feuille de route : l’éolien offshore entre dans le mix énergétique turc. Objectif affiché : atteindre 5 GW de puissance installée d’ici 2035, avec un premier jalon à l’horizon 2032.

Une décision ambitieuse, qui s’inspire des expériences réussies en mer du Nord, et qui pourrait transformer le littoral turc en un hub méditerranéen de l’éolien flottant, tout en créant de nouvelles chaînes de valeur industrielles.

Une croissance maîtrisée, mais sous contrainte

Avec une production d’électricité attendue à 213,5 TWh en 2035 (soit +8,6 % par an selon GlobalData), la Turquie n’a pas le droit à l’erreur. Il lui faudra jongler entre :

  • la sécurisation de ses approvisionnements ;
  • la stabilité du réseau électrique en intégrant plus d’ENR intermittentes ;

et l’équilibre entre développement économique et sobriété énergétique.

Un laboratoire régional pour la transition énergétique

La Turquie peut-elle devenir un modèle énergétique pour la région MENA ? Tout semble indiquer que oui. Son approche pragmatique, alliant partenariats public-privé, incitations fiscales, appels d’offres transparents et vision industrielle intégrée, en fait un terrain d’expérimentation stratégique.

Les opportunités pour les acteurs internationaux ne manquent pas : fabricants de modules, développeurs, fournisseurs de stockage, intégrateurs de solutions intelligentes, etc. Tous les regards sont désormais tournés vers Ankara.

source powersystemsdesign.com 

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